Mad in Osaka

12 mars 2006

reflections

Voila six mois que je vis au Japon, mais je dois dire que c'est un pays qui ne finira jamais de m'etonner. Certain diront que c'est pour ca qu'on l'aime. Dans un sens, c'est pas faux (c'est aime que tu comprends pas ? blague Kaamelott). Tout particulierement ces derniers temps, en discutant avec des japonais ou avec des etrangers de leurs experiences au pays du soleil levant. L'image que renvoit le Japon est double. Il y a d'un cote l'image d'une culture partagee entre modernite et tradition, de temples loges entre des gratte-ciels, ou comme j'ai croise en venant dans ce cyber cafe, d'un homme en costume cravate marchant avec une femme habillee dans un magnifique kimono. C'est une image interessante et rassurante d'un Japon qui va de l'avant sans pour autant en oublier ses traditions. (comme c'est trop beau ce que je dis) L'autre image est celle d'un pays decale, qui se tue au travail, aux jeux, et qui vie dans des extremes impensables en Europe. Un de ces extremes est l'opinion qu'on les japonais sur toute chose. Il transparait quand on parle avec des japonais, et j'en ai eu l'exemple recemment, qu'ils ne pensent pas a remettre en cause ce qui est en place. Tout est fait d'une certaine maniere, orchestre dans un certain ordre, jusqu'a leur maniere de penser, et tout cela tourne a peu pret rond, de sorte qu'il n'y a pas de raison de remettre en cause ce qui est en place. Pas parce qu'un individu n'a pas les moyens de changer quoique se soit, mais parce qu'il n'y pense meme pas. Attention, je fais la une generalite qu'il faut prendre avec des pincettes. Je dis pas que les japonais sont un peuple de mouton, juste que parfois on a du mal a se detacher de cette image negative. Un exemple concret m'en est donne quasiment a chacun de mes cours. Je dois etre super casse-couilles avec mes questions a deux balles sur les kanjis, sur la maniere dont ils se sont gourres quand ils ont fait le bouquin de cours et encore bien d'autre sujets. Bref, mes sensei (professeur en japonais) sont bien komaru (ennuyes), avec mes questions. Comme pourquoi ils nous font ecrire 10 fois un kanji avant de l'etudier avec toutes ses signification, et surtout la maniere de l'ecrire. Quand je demande pourquoi, mes profs me disent me disent que c'est en effet etrange. Et basta. Autre exemple. Celui d'un graphiste qui etait venu au studio vendredi (Warren qu'il s'appellait je crois). Ce gars devait faire l'affiche d'un evenement pour le compte d'une entreprise. Cette affiche comportait des inscriptions en japonais. Rien d'extraordinaire, on est au Japon. Ce qui est plus extraordinaire, c'est que le Shacho (le directeur), avait dans la tete qu'un etranger etait incapable d'ecrire en Japonais. Partis de ce prejuge, et apres en avoir fait part a tout le monde, il a demande au superieur de Warren d'ecrire a sa place sur l'affiche en question. Il etait impossible a Warren de parler directement au Shacho. Au Japon cela est mal percu et il synonyme de refus ou de rejet systematique, pour non respect de la hierarchie. Warren demande donc a son responsable de parler au Shacho et de lui dire qu'il pouvait ecrire en japonais, et qu'il allait le faire etant donne que ca faisait partie de son travail. Le-dit responsable dit que si le Shacho pense ainsi, meme si il a tort, il ne peut pas le contredire, c'est le Shacho. Arrive la reunion. L'affiche est terminee. Warren l'a ecrite en japonais lui meme et la presente au Shacho, en presence de son responsable. Le Shacho, sur de lui, s'exlame qu'il etait sur qu'un etranger ne pouvait ecrire en japonais. Warren se tourne et fixe son responsable, l'insitant du regard a admettre qu'un etranger en etait tout a fait capable! Silence du responsable qui fixait le sol. Resultat, le Shacho en question pense toujours qu'un etranger ne peut pas ecrire en japonais, et c'est pas au sein de son entreprise que lui sera prouve le contraire. Je donne un dernier exemple illustrant que les idees recues ont encore de bon jours devant elles, et qu'en devenant Sacho, on devient Dieu le Pere. Je ne continue pas dans le pur et simple but d'enfoncer les directeurs japonais ou de critiquer l'organisation des entreprises japonaises, je n'ai pas assez d'experience dans ce domaine, j'expose juste des exemples qui m'ont ete donnes d'observer et qui confirme ce qui n'est pas un secret de Polichinelle. Un amis japonais qui habite sur Kobe et qui tient un salon de coiffure m'appelle un jour en me disant que le directeur du groupe auquel appartient le salon souhaite veux prendre des cours d'anglais, et me demande si j'en serais capable. Je lui repond que oui. On se met d'accord sur un jour et une heure. Mon pote s'appelle Nobu. Il vient me chercher a la gare de Sannomiya, au nord de Kobe. Il me dit qu'on ira a son entreprise un peu plus tard. Il m'emmene donc chez lui pour me presenter a sa famille. Je l'avait connu il y a un an et demi a Nice et il m'avait deja parler de sortir sur Kobe et d'aller chez lui. C'est donc chose faite. Sur quoi, il m'avoue qu'en fait ce n'est pas pour donner un cours d'anglais qu'il ma demander de venir, mais pour servir de traducteur a un top model etranger qui allait venir se faire coiffer dans son salon. Il me dit que le fait de passer du temps avec moi fait partie de son travail de la journee. J'etais un peu surpris que son Sacho veuille prendre des cours anglais avec un francais, mais peu de choses m'etonnent vraiment en ce moment. Nobu s'excuse de pas m'avoir dit la verite tout de suite et me demande si j'accepte quand meme. J'etais venu jusqu'a Kobe, j'allais pas maintenant dire non, et c'etait un peu tard pour demander ca. Il m'emmene finalement au siege du groupe dans le centre de Kobe. Apres m'etre dechausse et avoir enfiler une paire de pantoufles, ce qui est d'usage dans toute entreprise japonaise, je suis presente aux personnes presentes dans la piece principale. Il faut savoir que les entreprises japonaises sont configurees a l'identique. Une tres grande piece, avec tous les bureaux cote a cote, sans cloison ni departage. Seuls se distinguent les superieurs hierarchiques par un bureau oriente differement en tete de colone ou dans un coin de la piece, de sorte que tous le monde soit a porte de regard. Seul le Sacho a son propre bureau. Dans l'entreprise de Nobu, il y a en plus une salle d'attente pour les visiteurs. On me fait attendre. Nobu me dit que le Sacho est en reunion et finalement il me dit qu'il est en plein travail. Au bout d'une demi heure, le-dit Shacho arrive. Grand, maigre, le visage marque par la cinquantaine, mais souriant et dynamique, non point en costume cravate, mais en jeans et chemise col ouvert. Il me donne une poignee de main ferme et sincere. S'assoie en face de moi et s'essaye a l'anglais. Me remercie d'etre la et s'excuse de m'avoir fait attendre. Il marque un temps d'arret et demande a Nobu de me dire qu'il est en plein travail. Je m'etais deja presente en japonais, mais apparement cela ne l'avait pas convaincu sur le fait que je puisse parler japonais. Sans laisser Nobu repondre je lui dis que je comprenais et que j'attendais. Il me regarde alors avec ces yeux qu'on les gobis sur les etalages des poissonniers du Cours Saleya : grands yeux ecarquilles, creuses dans une maigre orbite evocant une incomprehension ou un etonnement. Pour les gobi c'est qu'il sont morts, il faut pas chercher plus loin. Apres un total d'une heure d'attente, nous partons finalement de l'entreprise de Nobu en direction du salon. Je n'ai plus revus le Shacho, mais il me donne 5000 yens pour le deplacement (1000 yens allez-retour) et le travail de traducteur. J'arrive dans un salon de coiffure tres design. Un employe coiffe une cliente avec un sac Vuitton sur les genoux. Arrive enfin le mannequin etranger, accompagne d'une japonaise dont la carte de visite indique qu'elle est agent ou manager. Presentation en japonais avec l'agent et en anglais avec le mannequin qui parait gene. Elle etait vraiment belle. Grande, blonde, elancee, entre 17 et 20 ans. Nobu me dit d'attendre, et je retourne m'assoir. La il parle avec l'agent. Il s'averait en fait que la fille etait Russe, mais vivait au Japon depuis l'age de 4 ans et ne parlait pas un mot d'anglais. Ma presence etait des plus inutiles. Nobu m'avoue que c'est son Sacho qui lui avait demande de trouver qqun parlant anglais, sans en savoir plus sur l'identite du mannequin. Mais c'etait une etrangere, elle devait donc savoir parler anglais....

2 Comments:

  • Si cela pouvait etre vrai.... de te revoir avant la fin de mon visa. C'est encore avec plaisir que je parcourerai a nouveau avec toi les contrees nippones ....

    By Blogger JL, at 10:14 AM  

  • Belle didactique Jean louis!

    Quant aux gobis du cours Saleya, dont je ne pense pas que nous soyons nombreux à connaitre l'existence, je pense que déja dans l'eau ils ont de gros yeux, mais ça...

    By Blogger Archibald, at 11:57 PM  

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